Pourquoi a-t-on si peur de la prochaine récession?

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Tout comme les expansions économiques, les récessions sont cycliques et inévitables. Un pays entre en récession lorsque le PIB subit une croissance négative pendant deux trimestres consécutifs. À part le fait que les récessions reviennent en moyenne tous les sept ans, il est difficile de les prédire. Surtout que le ralentissement du PIB est toujours constaté après le fait.

Cependant, grâce à un rapport publié en 2008 par deux employés de la banque fédérale de San Francisco (Glenn D. Rudebusch et John C. Williams), il est possible de prédire une récession lorsqu’il y a une inversion des taux d’intérêt. Ce fut le cas pour les sept dernières récessions.

C’est quoi une inversion des taux?

Lorsque le taux d’intérêt sur les bonds à long terme (par ex, 10 ans) est moins élevé que le taux sur les bonds à court terme (par ex, 3 mois), on dit alors qu’il y a une inversion des taux. Selon Crédit Suisse, une récession arrive environ 22 mois après l’inversion des taux pour les bonds de deux ans et de dix ans. Pour la première fois depuis 2007, cette inversion s’est produite la semaine dernière.

Ça fait déjà neuf mois depuis que les taux ont commencé à être inversés. La Fed américaine avait depuis pris une pause dans ses hausses de taux d’intérêt, et l’inversion s’était plus ou moins dissipée.

Qu’est-ce qui provoque une récession?

Même si la date précise d’une récession est difficile à prédire, mais comme je l’ai mentionné plus haut, les récessions font partie du cycle économique. D’habitude, une récession arrive après qu’une banque centrale ait haussé les taux d’intérêt pour éviter une surchauffe de l’économie. Ceci n’est pas le cas ici, puisque la Fed a baissé les taux en juillet. De plus, il y a des spéculations sur d’autres coupes en septembre prochain.

Une récession peut également être provoquée lorsque les prix des matières premières sont très élevés. Ce qui n’est pas non plus le cas présentement. Tout récemment, le pétrole est entré dans un marché baissier. Le prix de l’or a grimpé récemment, mais il s’est stabilisé autour de 1 500 $.

Il reste donc deux possibilités pour les causes d’une récession. Soit un marché boursier en surchauffe (i.e. l’éclatement d’une bulle), soit un événement perturbateur (pensez 11 septembre). Présentement, l’indice S&P 500 a un ratio cours/bénéfice de 21. En 2009, ce ratio était de 120!

Le marché boursier n’est peut-être pas en territoire spéculatif, mais ce long cycle boursier est alimenté par la dette. En coupant les taux d’intérêt, la Fed risque possiblement de provoquer une explosion du S&P 500. Cependant, plusieurs investisseurs anxieux risquent de vendre massivement leurs actions en appréhendant une récession imminente. Un événement perturbateur qui vient à l’esprit est la guerre commerciale que les États-Unis ont déclaré à la Chine.

Il est vrai que Trump a tiré le premier, mais le président américain ne peut à lui seul contrôler la sortie de la guerre commerciale avec la Chine. Surtout pas à l’aide d’un tweet! On n’a qu’à penser à la réaction de Wall Street lorsque le yuan s’était déprécié au-dessus de 7 yuans pour 1 $ US. De plus, il paraîtrait que la Chine préférerait traiter avec un différent président américain. Dans ce cas, la prochaine récession mondiale serait à la merci du gouvernement chinois, d’ici novembre 2020.

Pourquoi a-t-on si peur de la prochaine récession?

Les récessions sont toujours craintes, car elles apportent avec elles des faillites, des pertes d’emploi et de l’incertitude sur l’avenir. Notez bien que j’ai bien dit récession mondiale dans le dernier paragraphe. Depuis la Grande Récession, plusieurs économies mondiales sont devenues plus dépendantes entre elles. Présentement, l’Allemagne et l’Argentine sont en récession. Lorsque les États-Unis sont officiellement en récession, il y aura des répercussions partout dans le monde.

Puisque les taux d’intérêt sont déjà très bas, les banques centrales n’auront pas assez de munitions pour sortir d’une récession. D’ailleurs, certains pays affichent même des taux d’intérêt négatifs. Globalement, plus de $ 16 mille milliards de dettes en bonds d’épargne offrent un rendement négatif. La prochaine récession risque d’apporter avec elle une autre crise financière, plus sévère, cette fois!

Comment se préparer?

Si l’on tient compte de la prédiction de Crédit Suisse, la récession n’est pas imminente. Je crois que le Dow Jones n’a pas encore atteint son nouveau record. L’admistration Trump va probablement tout faire pour éviter une récession avant les élections présidentielles. La meilleure façon de savoir quand vendre est lorsque les médias auront cessé de parler d’inversion des taux. Quand l’euphorie battra son plein!

Entretemps, l’or présente une belle opportunité d’achat. Les périodes de récessions sont souvent de belles opportunités d’achat de compagnies présentant des ratios cours/bénéfices décents. Il faut prévoir des liquidités pour en profiter. Lorsqu’on aura cessé de parler de récession dans les médias, et que le Dow Jones aura atteint son nouveau record, ce sera alors le temps d’acheter le titre suivant : UVXY. La performance de ce fonds est inversement proportionnelle à celle de l’indice S&P 500!

Déclaration

Ces écrits ne constituent pas en soi des conseils d’investissement. Il est avisé de consulter un conseiller financier ou de s’informer d’avantage avant d’investir.